La preuve par 7
La Preuve par 7 est une démarche expérimentale d’urbanisme, d’architecture et de paysage. Elle accompagne et documente des projets à travers différentes échelles territoriales afin de promouvoir un droit à l’expérimentation dans l’aménagement et l’architecture ainsi que des méthodes à même de renouveler l’action territoriale, publique et citoyenne et notamment la commande publique.
La Preuve par 7 accompagne ces projets et ces manières de faire. Elle documente ces différentes expérimentations dans le centre de ressources l’École du Terrain, afin de les transmettre et de les inscrire dans les pratiques, dans les politiques publiques et dans le droit.
Dans une perspective d’essaimage, de partage et de transmission des expérimentations, la Preuve par 7 répond également aux sollicitations et aux questionnements de porteurs et porteuses de projets sur la mise en œuvre de la permanence architecturale, notamment via son centre de ressources, l’École du terrain, qui permet un partage en libre accès de récits, bibliographies et documents techniques contextualisés.

VOIR LES RÉSULTATS ET ENSEIGNEMENTS DE LA PREUVE PAR 7 – 2018-2023
La Preuve par 7 et l’Ecole du Terrain dressent ici un état des lieux (non exhaustif) mais appliqué de ces pratiques, et entame une réflexion autour des leviers qu’elles génèrent, des freins rencontrés et des recommandations à apporter pour leur mise en œuvre.
Les actualités
La permanence architecturale pour une commande publique ancrée
La programmation ouverte et la permanence architecturale sont des dispositifs aujourd’hui reconnus. Ils sont désormais utilisés depuis plusieurs années par une grande diversité d’acteurs et d’actrices de l’aménagement et des territoires, allant d’associations citoyennes à des Offices publics de l’habitat (OPHLM) et des Sociétés Publiques Locales (SPL), des communes rurales à des métropoles, en passant par des Conseils d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement (CAUE), des foncières et un rectorat. Elles mettent en œuvre, sur le territoire même du projet, les conditions d’une commande publique débattue démocratiquement, ainsi que d’un urbanisme et d’une architecture finement adaptés à chaque territoire. Elles contribuent à une meilleure habitabilité et à créer une culture commune en fonction de leur histoire et leurs ressources.
Le principe de la programmation ouverte implique de ne pas tout décider a priori et de s’inscrire collectivement dans une démarche de projet qui soit progressive et active sur le terrain. Il s’agit de mettre à l’épreuve et de tester les usages à l’échelle 1 en fonction des capacités architecturales, urbaines et paysagères existantes, et grâce aux compétences, besoins et envies des acteurs locaux. La permanence architecturale, incarnée par une ou des personnes au profil de concepteur, permet de mener ces études in situ sur le temps long.

Les mises en œuvre sont très diverses et contextuelles dans les sujets, les temporalités, les formats, les structures et relations contractuelles. Ces démarches se réalisent donc à droit constant de manière inventive.
Cet urbanisme pose ainsi ces bases de projets à partir du déjà-là, du réemploi de nos patrimoines, par l’expérimentation, l’étude des ressources existantes et parfois oubliées, les forces vives du territoire, les compétences et rassemble une diversité d’acteurs en évitant ainsi l’expertise parfois trop éloignée de l’écriture du projet.

La démarche de la Preuve par 7 depuis 2018
Un projet manifeste initié par Patrick Bouchain
Dans le contexte très normé de l’architecture et de l’urbanisme, la Preuve par 7 est une démarche qui promeut le permis de faire, c’est-à-dire la nécessité d’expérimenter sur le terrain pour dégager des précédents qui pourront, en retour, inspirer les politiques publiques et légitimer des pratiques de la société civile.
Cette démarche est portée par l’association Notre Atelier Commun, soutenue depuis 2018 par le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et le Ministère de la Culture, la Fondation de France et l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires.
Expérimenter
À partir de 2018, la Preuve par 7 est devenue partenaire d’une dizaine de projets d’équipements urbains ou de territoire, répartis en sept échelles, du village à la métropole régionale, qui ont permis, avec les acteurs et actrices locales, de mettre à l’épreuve de manière chaque fois singulière une commande publique territorialisée.
CARTE AVEC DESSINS DES 7 PROJETS INITIAUX
Ces projets expérimentent les manières de faire soutenues par la Preuve par 7 : habiter au long court le terrain via une permanence territoriale, prêter attention aux délaissés urbains et aux désirs des habitantEs, révéler les possibles ignorés de ces lieux grâce à une programmation ouverte et faire école pour que chacun de ces chantiers devienne un lieu d’échanges de savoirs, de formation et de recherche.
Voir les projets accompagnés par La preuve par 7
Au fur et à mesure des années, la Preuve par 7 a ainsi contribué à fédérer différentEs acteurs et actrices sur chacun des sites de projet (décideurs et décideuses politiques, opérateurs et « forces vives » publiques ou privées, usagerEs et riverainEs) mais également dans le monde de l’enseignement, de la recherche et des réseaux qui s’inscrivent dans les mêmes perspectives. Elle a aussi apporté la preuve, à une petite échelle, que ces manières de faire sont pertinentes et économes, qu’elles peuvent faire filière, mobiliser des dynamiques territoriales pour mieux habiter, et essaimer à d’autres échelles et en d’autres lieux. Enfin, l’équipe de la Preuve par 7 a aussi constaté qu’elle s’insérait elle-même dans une dynamique collective plus vaste de partenaires qui expérimentent et mettent en œuvre un urbanisme vivrier.
CARTE DES PROJETS ACCOMPAGNES/COMPAGNONNAGE – A FAIRE AVEC ALEX
CARTE DES PROJETS DOCUMENTES – A FAIRE AVEC ALEX
Documenter
Dès lors, la Preuve par 7 a souhaité mettre en place un outil qui incarne ce mouvement. Depuis 2021, à mesure que les gouvernances locales des projets se renforcent et s’autonomisent, son accompagnement de terrain s’est élargi à un petit nombre de nouveaux projets. Il est devenu plus ponctuel, sur des thématiques précises.
Elle s’est ainsi concentrée sur la création d’un centre de ressources en ligne, l’Ecole du terrain, aux fins de mettre en récit, de documenter et de diffuser les projets issus de cette dynamique et les jurisprudences qu’ils ont créés. Ce site contributif vise à amplifier le mouvement, à créer une culture commune autour d’un urbanisme vivrier et appropriable par toutes et tous, et à démarginaliser ces pratiques.
Transmettre
Si la Preuve par 7 accompagne et documente des projets aux fins d’en faire émerger des jurisprudences, elle a depuis longtemps à cœur que ces manières de faire essaiment également dans le champ professionnel et académique. Les projets qu’elle accompagne et les outils qu’elle promeut deviennent des laboratoires d’expérimentation où tous les acteurs et actrices du projet (habitantEs, usagerEs, éluEs, société civile, architectes, maîtrise d’ouvrage, entreprises, ouvrierEs, étudiantEs…) partagent et échangent leurs savoirs. Le chantier, le terrain, la gouvernance collective deviennent alors des lieux d’apprentissage, des écoles d’architecture alternatives.
Au sein d’un réseau qui milite pour ces pédagogies de terrain, la Preuve par 7 travaille également à renouveler l’enseignement de l’architecture et de l’urbanisme. C’est pourquoi elle a contribué à la création de la Chairie EFF&T, accompagne des étudiantEs dans différentes écoles d’architecture et d’urbanisme, et a créé, avec la Chaire de philosophie à l’Hôpital, un programme de recherche autour de la notion du soin en architecture et en urbanisme.
L’école du terrain
L’École du terrain est une plateforme qui réunit et explore des projets choisis et des démarches singulières qui ont permis, par l’expérimentation, la mise en œuvre de nouvelles manières de faire en architecture, urbanisme et paysage.
Depuis sa création, la Preuve par 7 reçoit souvent des demandes d’information et d’assistance sur les méthodes ou les outils pour un urbanisme plus démocratique, attentif aux usage(r)Es et aux territoires. L’équipe constate, aux côtés des acteurs et actrices de terrain comme de ses partenaires institutionnelLEs, le besoin d’une documentation approfondie, tant politique que technique de ces projets, la mise en lumière de ce qui a été rendu possible, des précédents, dans une logique d’entraide, de capitalisation et de plaidoyer pour une montée en puissance de la possibilité d’expérimenter.
Nous racontons des projets choisis qui, par leur singularité même, illustrent une méthode, une règle, une échelle ou un territoire, qui démarginalisent ces pratiques et peuvent faire école en d’autres lieux ou à d’autres échelles. Le passage par le récit est fondamental, c’est d’abord lui qui donne « le désir de voir la possibilité » (Kierkegaard). Incarné, tentant de rendre avec le plus de justice et de justesse la parole des acteurs et actrices de terrain, il permet la transmission, l’essaimage, le réseau.
Mais, même pratique, le récit n’est pas tout et cette plateforme est aussi l’occasion d’ouvrir les « boîtes noires » de la fabrique de la ville par la mise à disposition, clairement expliquée, des documents techniques, juridiques, réglementaires et financiers qui ont émaillé les étapes du projet. À cela s’accompagne la diffusion des « manières de faire » propres aux expérimentations urbaines mises en lumière.
Essaimer, accompagner et renforcer les ingénieries locales de conception
Si toutes ces manières de faire ont porté leurs fruits à l’échelle singulière de chaque projet, comment envisager leur essaimage et ainsi leur appropriation à l’échelle du grand territoire, par des acteurs de l’aménagement et du développement local ? Il s’agit de renforcer des ingénieries de conceptions et de projets territorialisées dans leur accompagnement aux éluEs, aux services des collectivités, aux opérateurs, aux porteurs de projet dans une perspective d’ancrage – et non d’enracinement – local.
L’équipe de la Preuve par 7 continue donc à travailler cet essaimage et échange autour de ces nouvelles pratiques avec des structures au fort ancrage local, patrimonial ou social et des Ecoles et formations. Des réflexions communes se construisent, notamment avec les architectes et paysagistes de Conseils en Architecture, Urbanisme et Environnement (CAUE) qui agissent à l’échelle du particulier, des collectivités locales et des départements ; avec des chargéEs de mission Petites Villes de Demain/Action Cœur de Ville de l’ANCT ; avec les associations régionales de lutte contre le mal logement ; avec l’Union Sociale pour l’Habitat ; avec les élus locaux, les collectifs d’habitants, mais aussi avec le collectif des Acteurs Clés de Changement soutenus par la Fondation de France.
Il s’agit donc de valoriser et d’accompagner les structures territoriales existantes et volontaristes afin qu’elles puissent avoir connaissance de ces outils et proposer leur mise en œuvre aux maitrises d’ouvrages, maîtrises d’usages et autres commanditaires.
Du côté des écoles, enseignements et documentations, les réflexions continuent avec l’École de Chaillot, les Écoles Nationales d’Architecture et des Beaux-Arts, le Diplôme universitaire Espaces Communs, les formations d’urbanisme, de sciences politiques, etc.
VOIR TEXTE AVEC J. CONFAVREUX