« Une redirection écologique pour un nouveau contrat social : les chantiers d’application »
Troisième session du programme de cours communs entre la Chaire de Philosophie à l’Hôpital de Cynthia Fleury et la Preuve par 7.
Mardi 13 décembre de 18h à 20h
Hôpital Sainte-Anne, Amphithéâtre Morel
1, rue Cabanis 75014 Paris
Conversation entre Alexandre Monnin philosophe, professeur, directeur du Master of Science « Strategy & Design for the Anthropocene » à Lyon et directeur de la Recherche d’Origens Media Lab et Patrick Bouchain. Modération : Sylvia Fredriksson designer et enseignante chercheure.
Le Laboratoire des Délaissés est un programme de recherche en actes commun entre la Chaire de Philosophie à l’Hôpital portée par Cynthia Fleury et la démarche de La Preuve par 7, dont l’enjeu est de questionner la notion de soin et d’attention en urbanisme, architecture et paysage, entendue au sens large.“Inspiré par l’éthique du care, il pose comme hypothèse que les innombrables délaissés – humainEs, paysagers, construits ou non – dans et avec lesquelLEs nous vivons ont des enseignements à nous offrir et des défis à nous tendre, si nous prenons le temps de les comprendre. À travers des sessions de cours mensuels qui auront lieu à l’Hopital Sainte-Anne et en visio-conférence, nous prendrons donc ce temps d’écoute et de dialogue, pour repenser ensemble ce que pourraient être les manières de ménager nos territoires, et les formes de vie qui les habitent. Nous tenterons de démontrer qu’occuper ces espaces-temps et ces espaces construits permet de réinventer le commun.” Extrait du programme du Laboratoire des Délaissés par Sophie Ricard, architecte et Édith Hallauer, chercheuse en architecture.
L’humanité dépend pour sa survie d’une organisation sociale et d’infrastructures qui ne pourront être indéfiniment maintenues. Nous héritons contre notre gré de communs «négatifs», à l’image des fleuves et sols contaminés, des industries polluantes, des chaînes logistiques ou encore des technologies numériques. Que faire de ce lourd héritage dont dépendent à court terme des milliards de personnes, alors qu’il les condamne à moyen terme? Quelle stratégie conduire pour aligner nos activités individuelles et collectives sur les limites planétaires et la disponibilité locale et viable de ressources matérielles ? Entre l’arrêt de tout et l’intenable business as usual, existe-t-il une ligne de crête qui permettrait la survie de l’espèce dans des conditions justes et démocratiques ?
Pour en débattre, nous échangeons avec Alexandre Monnin, philosophe et co-auteur de l’ouvrage Héritage et fermeture. Une écologie du démantèlement aux Editions divergences, et Patrick Bouchain, architecte à l’origine du projet Manifeste de La Preuve par 7.
Ce qui relie nos deux invités tient certainement à une exigence de discernement, au fondement même de leurs cadres d’activités et de pratiques. Discernement quant aux situations, à l’égard des celles et ceux qui les vivent, les éprouvent, les administrent. Discernement quant aux héritages matériels et immatériels qui peuplent et composent notre cadre de vie commun, et que les approches projectives modernes et occidentales échouent à considérer et à prendre en charge.
Les propositions de Patrick Bouchain, au travers la revendication d’un droit à l’expérimentation par les montages et les usages, et d’Alexandre Monnin d’autre part, au travers le concept de redirection écologique, ont de commun qu’elles cherchent à démentir, par le refus de la surcompétence au profit d’une pleine compréhension des situations, les processus linéaires, emprunts d’irréversibilité, issus de la culture du projet et de l’innovation.
Prenant pour préalable cet état de discernement, ces démarches nous enjoignent alors, face aux défis immenses de l’anthropocène, à prendre au sérieux l’acte de renoncement, comme question philosophique à débattre collectivement et comme l’une des composantes d’un apprentissage encore à faire.
C’est à cette tâche que se consacrera ce troisième séminaire du Laboratoire des délaissés, le 13 décembre 2022, sous l’égide de la Chaire de Philosophie à l’Hôpital et de la Preuve par 7. Nous chercherons alors à comprendre les différentes dimensions que sous-tend l’idée de renoncement en tant qu’outil politique, comment cette notion se traduit à l’épreuve du terrain, et les questions pour lesquelles elle nous demande de nous mettre à l’ouvrage.
Ces échanges seront une nouvelle fois l’occasion de se rassembler, mais surtout de rassembler les écoles de pensée pour formuler et porter collectivement les chantiers à venir.
Crédit photographie : Technosphère. Du hors-sol vers une échelle plus cohérente, par Diego Landivar, co-auteur avec Alexandre Monnin et Emmanuel Bonnet de l’ouvrage Héritage et fermeture. Une écologie du démantèlement aux Editions divergences, 2021